Par Marie-Pier Landry, avril 2017
La violence envers les femmes, ça s’passe dans les chambres à coucher, mais aussi dans les chambres à accoucher. Quand on nous dit comment faire et qu’on nous demande de nous taire, on a le cœur tout à l’envers… Le corps ouvert vers la vie, on n’a pas besoin de touchers vaginaux en série, surtout si on ne nous demande pas notre avis. Le fait qu’on accouche ne donne pas le droit qu’on nous touche sans qu’on puisse ouvrir la bouche pour poser des questions ou avoir de l’information sur une intervention avant de prendre une décision.
La notion de consentement, ce n’est pas juste un bout de texte et ce n’est pas bon que dans le contexte d’avoir du sexe. « Sans OUI, c’est NON », c’est toujours bon, surtout envers une personne VulVnérable et pour toute action qui pourrait faire du mal.
Que ce soit dans une chambre d’hôpital, en période périnatale ou dans des interventions obstétricales ; toucher quelqu’un sans son aval, ce n’est pas banal et dans la région vaginale, c’est encore plus bancal, pour ne pas dire illégal.
Il y a une différence entre sauver des vies et les contrôler à tout prix. Entre prendre soin et taire les besoins. Entre ce qui est confortable et ce qui est inacceptable. Entre demander et imposer. Entre prendre un oui pour acquis sans qu’il ait été dit et offrir une explication et un temps de réflexion.
Qu’on s’entende sur le consentement ! Pour être libres et en équilibre. Pour être éclairées et en santé. Il faut savoir pour pouvoir avoir le choix d’un « oui, allez y » ou d’un « non, sans hésitation ».
Notre vagin nous appartient, même entre les mains d’un médecin. Notre corps est notre Terre, même entre les mains d’une infirmière. On sait. On est en Amérique. Ça se dit. Même ; en Amérique du Nord. Ça se dit plus fort. Nous, les femmes occidentales, sommes privilégiées d’avoir accès à des soins d’une grande qualité médicale ; arrêtons de faire scandale, pour le bien-être fœtal ! Malheureusement, la violence obstétricale, c’est un phénomène mondial et ce qui se vit à l’hôpital, peut parfois faire beaucoup de mal.
C’est tellement plus facile de rester en champ stérile et sous les gants qu’on enfile que d’entendre la vérité ; certaines femmes en train d’accoucher se sont senties violées. Ça fait mal à entendre. C’est dur à comprendre. Mais ce qui est vécu doit être entendu. On est tellement effarés devant des mutilations génitales qui nous apparaissent tribales, comme l’excision ou l’infibulation – et on a sûrement raison -. Mais ici aussi, on sévit, sous le couvert médical, avec le mot « épisiotomie ». Si ni le bébé ni la femme ne sont en danger Rien ne justifie les ciseaux employés Pour inciser un périnée Ahhh. On pense bien faire… La violence ne se définit pas avec l’intention, mais par les actions. Et ces actes ont des impacts. Et ces errances ont des conséquences.
Rien ne justifie qu’on nous ridiculise ou nous infantilise. Rien ne justifie qu’on brime notre intimité et notre vie privée. Rien ne justifie qu’on nous force à pousser un bébé les pieds dans les étriers.
C’est à croire qu’on a appliqué la position du légionnaire aux accouchements et qu’on refuse de voir que ce n’est pas pertinent…
Le champ de l’obstétrique essaie d’être logique, mais entre des antibiotiques et des interventions catastrophiques, l’accouchement idyllique et féérique devient vite dramatique, dans le cirque cynique des violences systémiques, où l’esprit critique est considéré archaïque, où les données empiriques deviennent élastiques et où les positions sont anti-ergonomiques, du moins pour les périnées qui sont malmenés.
Le privé est politique, même les pieds dans les étriers.
Et quand les oppressions s’imbriquent, on peut se demander où tout ça va nous mener… Nous sommes les premières expertes de notre maternité ; on aimerait que ça soit respecté !
Sans oui, c’est non, même quand j’accouche.
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