
VOG
Les VOG
Que sont les violences obstétricales et gynécologiques (VOG) ?
Les violences obstétricales et gynécologiques sont des formes de violence qui touchent les femmes et les personnes qui accouchent ou reçoivent des soins en santé reproductive. Ce sont des violences systémiques (liées à l’organisation du système de santé), institutionnelles (posées dans le cadre des soins) et genrées (c’est-à-dire qu’elles concernent particulièrement les femmes et les personnes marginalisées en raison de leur genre). Elles s’inscrivent sur le même continuum que les violences sexuelles.
Ces violences peuvent prendre la forme de gestes, de paroles ou d’interventions médicales qui causent du tort – parfois grave – au corps ou au bien-être mental des personnes. Ces gestes ne sont pas toujours nécessaires sur le plan médical et peuvent aller à l’encontre des recommandations scientifiques actuelles (IRASF, 2019). Très souvent, ils sont faits sans le consentement libre et éclairé de la personne concernée.
Les VOG peuvent survenir tout au long de la vie :
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pendant les examens gynécologiques,
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lors d’un suivi de grossesse,
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pendant un accouchement,
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après l’accouchement (post-partum),
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ou encore lors d’une IVG (interruption volontaire de grossesse), d’une fausse couche ou d’un parcours de procréation assistée.
Elles peuvent toucher les femmes, mais aussi les hommes trans, les personnes non-binaires et bispirituelles.
Un groupe de chercheur·euses décrit ainsi les violences sexistes en gynécologie et obstétrique :
« Ce sont des gestes, propos ou pratiques posés (ou parfois omis) par des professionnel·les de santé, pendant les soins gynécologiques et obstétricaux. Ces gestes peuvent être posés sans intention de nuire, mais ils s’inscrivent dans une longue histoire de contrôle du corps des femmes, notamment de leur sexualité et de leur capacité à enfanter. Ils peuvent être très variés, allant de remarques banales en apparence à des actes très graves. »
— Bousquet et al., 2018
Une histoire ancrée dans le racisme et le sexisme
La médecine gynécologique et obstétricale s’est développée dans un contexte raciste et sexiste. Par exemple, certains instruments médicaux encore utilisés aujourd’hui ont été testés de manière forcée et douloureuse sur des femmes noires réduites en esclavage ou sur d'autres femmes marginalisées.
À cette époque, fortement marquée par le sexisme, les femmes étaient souvent considérées comme inférieures ou défaillantes, comparées à un corps masculin vu comme la norme. Cette vision a influencé la médecine, et même si elle évolue, elle reste encore présente dans certaines pratiques d’aujourd’hui.
Les violences de genre
Selon l’Organisation mondiale de la santé (2018), les violences de genre regroupent :
« Tous les actes de violence dirigés contre les femmes, causant ou pouvant causer des dommages physiques, sexuels ou psychologiques. Cela inclut aussi les menaces, la contrainte ou la privation de liberté, dans la vie publique comme privée. »
La violence systémique en santé
La violence systémique, selon Parazelli (2008), est :
« Une forme d’agression exercée par les institutions qui empêche les individus de réaliser leur plein potentiel. »
Dans le système de santé, cette violence peut se manifester par :
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Des délais d’attente très longs pour recevoir des soins.
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Des protocoles rigides qui empêchent le personnel soignant d’adapter les soins aux besoins réels.
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L’obligation pour certaines personnes, comme les femmes autochtones ou vivant en région éloignée, de parcourir de grandes distances pour recevoir des soins.
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Le manque d’équipements adaptés, par exemple pour les personnes en fauteuil roulant lors d’un examen gynécologique.
Ces situations sont souvent invisibles, mais elles causent des souffrances bien réelles. Comme le dit Salazar (2006) :
« C’est une forme de violence indirecte, invisible, qui rend difficile l’identification de ses causes réelles. La culpabilité est souvent injustement portée par les victimes. »
— Salazar, in Parazelli, 2008
Qu'est-ce qu'une violence obstétricale ?
« C’est tout acte, geste ou oubli posé par un·e professionnel·le de santé, qui n’est pas nécessaire médicalement ou qui est fait sans le consentement libre et éclairé de la femme enceinte ou de la personne qui accouche. »
— Lahaye, 2018 : 187
Comment ces violences se manifestent-elles ?
Dans l’organisation des soins :
Des protocoles rigides ou mal adaptés qui prennent le dessus sur les besoins réels des personnes.
Dans les attitudes :
Des gestes brusques, un ton autoritaire, des comportements méprisants ou infantilisants.
Dans les pratiques :
L’utilisation d’interventions non justifiées scientifiquement.
Le fait de voir le corps des femmes ou des personnes marginalisées comme « anormal » ou « problématique ».
Une tendance à intervenir trop souvent ou sans raison valable.
Quelles formes peuvent prendre ces violences ?
Violences physiques :
Gestes douloureux ou brusques.
Épisiotomie (incision du périnée) faite sans nécessité.
« Point du mari » : recoudre le vagin plus serré pour le plaisir du conjoint, sans consentement.
Violences sexuelles :
Touchers vaginaux répétés ou faits par plusieurs personnes sans demander l’accord.
Commentaires déplacés sur le corps ou la sexualité.
Violences psychologiques :
Ignorer les besoins.
Attitudes humiliantes ou hostiles.
Violences verbales :
Propos rabaissants ou insultants.
Dire à la personne qui accouche de se taire.
Dire que son utérus est « paresseux ».
D’où vient cette violence ?
Ces violences s’appuient sur une idée fausse : celle que les femmes (et toute personne ayant un corps jugé « non conforme ») ne pourraient pas accoucher sans aide médicale. Cette vision fait de l’accouchement un problème à « corriger ». Et quand on pense comme ça, toutes les interventions peuvent sembler justifiées, même quand elles ne le sont pas.
— Lahaye, 2018
Qu'est-ce que la violence gynécologique ?
Les violences gynécologiques ressemblent aux violences obstétricales, mais elles peuvent arriver en dehors de la grossesse.
Elles peuvent se produire, par exemple, lors d’un examen médical ou d’un suivi gynécologique. Elles prennent plusieurs formes :
Des gestes imposés comme des touchers vaginaux ou des frottis faits sans raison valable ou sans explication.
Des traitements ou commentaires non nécessaires, qui ne respectent pas les directives médicales reconnues.
Un manque d’accompagnement dans le choix d’une méthode de contraception : au lieu d’un échange basé sur les besoins et les préférences de la personne, c’est souvent le professionnel qui impose sa décision.
Le refus d’accès à certains soins, comme la pose d’un stérilet, à des personnes qui n’ont jamais accouché ou qui ont accouché plusieurs fois, sans raison médicale.
Ces gestes ignorent l’expertise que chaque personne a de son propre corps, et vont à l’encontre du respect du consentement.
— IRASF, 2019
Ces violences peuvent aussi prendre d'autres formes :
Des examens invasifs, faits sans demander l’accord, sans anesthésie, sans explication.
Des comportements irrespectueux du personnel soignant, comme :
agressions physiques ou verbales,
jugements et remarques déplacées,
propos humiliants,
non-respect de la vie privée ou du secret médical.
— IRASF, 2019