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Quand j’étais en panique [...], on a considéré ce moment comme un vulgaire spectacle

En 2011, j’attendais mon premier bébé. Lors de mon premier rendez-vous médical de suivi de grossesse, une infirmière m’a demandé d’enlever ma culotte et d’attendre sur la table. Une personne qui ne s’est pas présentée est entrée dans la pièce. Elle m’a fait un toucher vaginal douloureux et est repartie. Je n’ai jamais compris ce qui s’était passé et j’ai même eu des pertes de sang. Traumatisée par cet événement, j’ai préféré me tourner vers le suivi sage-femme, beaucoup plus axé sur le consentement éclairé. Pendant la naissance de ce premier bébé, j’ai vécu une dystocie des épaules qui m’a fait énormément souffrir.


Mes sages-femmes ont alors été merveilleuses. Je suis convaincue que grâce à elles, ma fille est vivante et n’a aucune séquelle. Par contre, j’avais une telle peur de revivre une dystocie que je voulais être provoquée lors de mon deuxième accouchement pour éviter d’avoir à sortir un bébé de 10 livres à nouveau. J’ai donc eu un suivi médical. J’étais contente car j’avais une jeune médecin, très humaine et à l’écoute. J’avais une peur bleue de la poussée que j’appréhendais beaucoup. J’en faisais des crises de panique plus la date prévue d’accouchement approchait. Mon médecin m’a donc provoquée, voyant que le moral ne suivait plus. J’étais rassurée. Ce serait elle qui m’assisterait. Tout s’est passé rapidement et bien. Mon infirmière était d’une grande aide. Pendant la poussée, j’étais malgré tout en intense panique. Et dans ce moment où j’étais au summum de ma vulnérabilité, deux observateurs sont entrés dans la pièce. Personne ne m’a demandé mon avis et m’a dit qui ils étaient. Ils avaient une vue directe sur mon vagin et se chuchotaient des choses à l’oreille. Je ne voulais pas qu’ils soient là. Je me sentais envahie. Une fois mon bébé sorti… le spectacle était terminé alors ils sont partis.


Encore aujourd’hui, quatre ans plus tard, j’ai l’impression d’avoir été agressée. Quand je ne pouvais pas me défendre, on m’a imposé quelque chose. Quand j’étais en panique et que j’avais besoin de soutient, on a considéré ce moment comme un vulgaire spectacle. Peu importe qui ils étaient. Effectivement, peut-être qu’une dystocie n’arrive pas souvent et que c’est intéressant d’en voir une en vrai pour apprendre. Mais il fallait me le demander. Et là, moi, j’ai eu l’impression qu’on me manquait de respect et que je n’avais pas à être considérée.


Au troisième bébé, je suis retournée vers les sages-femmes, car mieux vaut s’assurer d’être écoutée et respectée. Et j’ai eu de la chance. Elles sont toujours trois sages-femmes lors d’un accouchement avec leur stagiaire (que je connaissais déjà). Mais ma sage-femme a préféré me laisser vivre ce moment seule le plus possible. Alors j’avais deux intervenantes seulement, connues et bienvenues. Ça m’a redonné confiance et assurément ça a fini la famille sur une bonne note. Mais je pense encore quotidiennement, ou presque, à mon deuxième accouchement… et j’ai encore cette sensation désagréable que l’on m’a utilisée sans me considérer.

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