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On aurait dit qu’elle était fâchée […] que je lui fasse perdre son précieux temps

Lorsque nous avons commencé les essais pour avoir un enfant, je suis tombée enceinte au bout de quelques mois.

J’ai, malheureusement, fait une fausse-couche vers la 8e-9e semaine. N’ayant à l’époque ni médecin de famille, ni gynécologue, j’avais tout de même réussi à obtenir un rendez-vous de suivi vers la 12e semaine chez une gynécologue que je ne connaissais pas. Lorsque je me suis présentée à ce rendez-vous, j’avais déjà perdu le bébé, mais à la réception de la clinique, on m’avait dit que c’était une bonne idée de venir tout de même. On m’a suggéré d’utiliser ce rendez-vous pour m’assurer que la fausse-couche avait bien été évacuée.

La gynécologue m’a froidement reçue dans son bureau. Elle m’a rapidement fait passer du côté du bureau où se trouvait la table d’examen et m’a dit : « Enlève le bas, je vais t’examiner. » Elle est restée à côté de moi tandis que je me déshabillais; j’ai trouvé ça inhabituel. Habituellement, les médecins vous donnent une jaquette et vous laissent vous déshabiller et mettre la jaquette en privé. Sitôt mes sous-vêtements enlevés, elle s’est rapprochée de moi, portant un gant de latex à la main droite. J’étais debout. Elle m’a dit : « Je vais t’insérer un doigt dans le vagin » en m’insérant un doigt dans le vagin. Comme ça, debout à côté de la table d’examen, pas de jaquette, pas de spéculum, pas vraiment d’avertissement puisqu’au moment où elle m’a avertie, elle procédait déjà au geste. J’ai été prise par surprise et j’ai figé. Elle a tâté, ou fait mine de tâter, je ne sais pas trop. Ça n’a duré que quelques secondes (10, 15, peut-être). Je ne me souviens pas très bien ce qu’elle a dit après avoir retiré son doigt. Je ne comprenais pas trop ce qui se passait. J’étais encore figée et je n’ai rien dit.

Elle s’est assise à son bureau, j’ai remis mes sous-vêtements et mes pantalons, je me suis assise devant elle, et elle m’a dit d’un ton froid, fataliste, en soupirant et sans me regarder : « Bon ben, c’est fini. Tu sais que maintenant que tu as fait une fausse-couche, tu as 35% plus de chances d’en refaire d’autres. » On aurait dit qu’elle était fâchée que j’aie fait une fausse-couche, ou que je lui fasse perdre son précieux temps pour une fausse-couche. En gribouillant quelque chose sur un papier, elle m’a fait un signe de la main sans me regarder, qui voulait dire « Allez, sors de mon bureau, j’ai fini avec toi ». Je suis partie. Aujourd’hui, je porterais plainte volontiers, mais je ne me souviens plus du nom de cette gynécologue. Je n’habite plus la région où ça a eu lieu et je ne suis jamais retournée à cette clinique. À l’époque, je ne comprenais pas ce qui s’était passé. J’étais confuse, je me demandais si c’était normal qu’une gynécologue se comporte de la sorte. Pourquoi m’avait-elle inséré aussi cavalièrement un doigt dans le vagin? J’ai voulu oublier que ça s’était passé, je n’en ai parlé à personne. Je n’ai pas porté plainte.

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