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« Suivi périnatal pour homme trans, pourquoi pas avec une sage-femme ? » : échos d’un gars trans soc

Cette lettre constitue une réponse à l’article « Suivi périnatal pour homme trans, pourquoi pas avec une sage-femme ? » publié ce printemps dans le numéro sur l’inclusion du journal Les PasSages et signé par Eugénie Champagne-G. Je désire reconnaître d’emblée que réfléchir aux rapports sociaux, à l’oppression, à l’inclusion et à l’exclusion est un exercice exigeant. Je sais qu’il faut, pour s’y engager, sortir de sa zone de confort et se rendre vulnérable. Je souhaite donc remercier le comité inclusion de l’AÉSFQ qui a produit le numéro du journal Les PasSages sur l’inclusion et plus particulièrement Eugénie Champagne-G. d’avoir ouvert la discussion. Un merci tout spécial aussi au Regroupement Naisssance-Renaissance d’accueillir la suite de l’échange.

Je n’ai jamais douté de l’intention bienveillante qui a motivé l’écriture et la publication de l’article « Suivi périnatal pour homme trans, pourquoi pas avec une sage-femme ? ». Au-delà des intentions, toutefois, l’article n’est porté ni par des préoccupations trans, ni par une collaboration étroite avec les communautés concernées. On y réduit à peu de choses les adaptations nécessaires pour inclure le mieux possible les personnes trans dans le monde de la périnatalité, on échoue à considérer des expériences trans de l’intérieur et certains éléments d’information offerts doivent être nuancés. Je prends donc un moment pour formuler cette réponse, qui, j’espère, nous permettra de rester en dialogue et de rendre ensemble ce monde un peu meilleur… et plus juste ! J’y mets de mon expérience personnelle, de mon expérience militante, de mes échanges avec d’autres personnes trans et des références à des recherches ou à d’autres écrits intéressants. En écrivant une telle réponse, je m’ouvre et me rends moi aussi vulnérable. Je choisis donc de nous faire confiance dans ce processus.

Il est vrai que la loi modifiant l’article 71 du Code civil du Québec en supprimant le pré-requis de modification structurelle des organes génitaux pour changer sa mention de sexe à l’État civil est entrée en vigueur en octobre 2015. J’étais de celleux qui attendaient avec impatience — et anxiété, parfois — sa mise en application. La loi, en effet, avait été adoptée en décembre 2013. En ce qui me concerne, j’aurais été prêt à changer ma mention de sexe à l’automne 2014. L’année que j’ai passée avec des papiers d’identité qui ne me ressemblaient plus a été particulièrement stressante. Chaque fois que je devais présenter mes papiers à quelqu’un, où que ce soit, c’était au mieux désagréable et, au pire, ça donnait lieu à des échanges méprisants. Je me suis estimé chanceux de n’avoir pas eu besoin de traverser de frontières ou de présenter mes papiers à la police pendant cette période. Des personnes trans ont déjà été soupçonnées de terrorisme et détenues temporairement précisément en tentant de traverser des frontières avec des documents d’identité qui ne matchaient pas entre eux, ce qui peut arriver si on a pu mettre à jour une pièce d’identité, mais pas une autre, ou si on n’a pas pu faire changer toutes ses informations (prénom, marqueur de sexe) suite à une transition (Seuffert, 2009). C’est désormais derrière moi[1] et derrière nombre d’autres personnes trans, mais pas de celles qui n’ont pas la citoyenneté canadienne et qui vivent au Québec. Elles demeurent en effet dans l’impossibilité de faire changer leur mention de sexe à l’État civil au Québec puisque le critère de citoyenneté est toujours inscrit dans le Code civil. L’injustice persiste donc, avec toute ses conséquences : tout ce qui nécessite de présenter des papiers ou de faire des transactions devient considérablement plus compliqué, notamment étudier, travailler, obtenir un logement, obtenir des soins de santé, voyager, assumer des responsabilités parentales, etc. Côté papiers, je crois également utile de préciser qu’il n’est toujours pas possible, au Québec, de changer un titre parental (père ou mère) sur le certificat de naissance d’un enfant une fois que celui-ci est émis. Cela signifie que les personnes trans ayant fait leur transition après la naissance d’un enfant ou n’ayant pu obtenir leur changement de mention de sexe qu’après sa naissance demeurent inscrites avec un titre parental qui ne correspond pas à leur réalité familiale sur le certificat de naissance de l’enfant… À vie de celui/celle-ci !

L’augmentation drastique du nombre de demandes de changement de mention de sexe au Directeur de l’État civil du Québec peut donner l’impression que les personnes trans sont de plus en plus nombreuses. Il est toutefois très plausible que bien des personnes trans attendaient le changement de législation pour faire changer leurs papiers. Il est aussi possible que la visibilité croissante des personnes trans dans la société permette à d’autres personnes trans de mettre des mots sur leur vécu et de se lancer elles-mêmes dans leur transition. Il est donc peu plausible qu’il y ait vraiment plus de personnes trans qu’avant… Peut-être seulement plus de personnes trans qui effectuent une transition et plus de personnes trans visibles.

En ce qui concerne les hommes trans qui accouchent, je ne peux qu’être en accord avec l’idée qu’un suivi sage-femme sensible et bien informé peut bénéficier aux homme trans qui désirent un tel suivi. Si je porte un jour un enfant, c’est certain que je voudrai un suivi sage-femme ! Une approche aussi peu médicalisée que possible et fondée sur une relation de confiance réciproque mettant en valeur l’exercice du consentement libre et éclairé, c’est vraiment ce que je voudrais. Mettre au monde un enfant, je ne sais toutefois pas si c’est un souhait que je me donnerai la chance de concrétiser. L’accouchement, en soi, je serais heureux de le vivre. Les neuf mois de grossesse avec un corps de plus en plus inintelligible socialement, par contre, ça me semble vraiment difficile, d’autant plus que je vis en milieu rural, loin des communautés trans des grands centres. Je sais aussi que si je donne naissance à un enfant, je voudrai l’allaiter, et allaiter en public tout en étant lu comme un homme me paraît risqué là où je vis. Bref, les risques pour ma santé mentale, mon intégrité physique et celle de mon enfant comme les impacts sur l’équilibre de ma famille me retiennent toujours de me lancer dans le projet, même si par moments, j’y crois très fort et j’affirme que je le ferai. J’admets aussi que si j’avais besoin de soins médicaux d’urgence pendant ma grossesse ou mon accouchement, quelque chose nécessitant une intervention vitale et rapide à l’hôpital, par exemple, j’aurais sérieusement peur d’y laisser ma vie ou celle de mon bébé. Les refus de soins à des personnes trans se voient couramment et sont documentés en Amérique du Nord (Grant et al., 2011 ; Bauer et al., 2014). On peut à cela ajouter les traitements discriminatoires ou autrement méprisants, violents, etc. (Shires et Jaffee, 2015 ; Grant et al., 2011 ; Bauer et al., 2014) Je sais donc que mes craintes ne sont pas farfelues[2]. Je ne peux non plus généraliser mon propre souhait d’un suivi sage-femme à l’ensemble des personnes transmasculines et non-binaires ayant la possibilité de porter un enfant. Tout comme ce ne sont pas toutes les femmes cisgenres[3] qui souhaitent accoucher avec une sage-femme, ce ne sont pas toutes les personnes transmasculines et toutes les personnes trans non-binaires ayant la possibilité d’accoucher qui sentent qu’un suivi sage-femme leur correspond… Et dans ce qu’on sent qui nous correspond ou pas, je suppose qu’on pourrait creuser plus loin et chercher ce qui relève des rapports sociaux en présence, notamment les rapports de classes, le capacitisme, et le racisme et l’ensemble des systèmes d’oppression pour lesquels on a des noms[4].

Par ailleurs, la catégorie trans souffre en général d’une homogénéisation désastreuse (Cloutier, 2018). L’homogénéisation se fait au détriment des communautés trans affectées par d’autres systèmes d’oppression que le cisgenrisme[5] : ce sont elles qui sont en général les plus vulnérables. Les systèmes d’oppression, il faut le souligner, ne s’additionnent pas tout à fait quand il se conjuguent : ils s’imbriquent et produisent une synergie dévastatrice. La vulnérabilité accrue des personnes trans racisées face au VIH (Longman Marcellin et al., 2013) en est un exemple parmi d’autres. Penser aux personnes trans dans le monde de la périnatalité, donc, ce n’est pas que penser à ce qui concerne l’expérience du genre ou du corps sexué : c’est penser à l’ensemble des facteurs qui peuvent rendre une vie précaire, racisme et pauvreté inclus (liste non-exhaustive).

Si l’article publié dans Les PasSages mentionne l’existence des hommes trans qui accouchent, il occulte toutefois la présence des personnes trans (hommes, femmes ou non-binaires) partenaires de femmes cis qui accouchent avec des sage-femmes. C’est là peut-être une situation plus courante que celle des hommes trans qui accouchent, et ce n’est pas parce que ce ne sont pas ces personnes qui accouchent que rien ne peut être fait pour améliorer les services aux familles dont elles font partie. Au-delà des toilettes non-genrées, du langage inclusif[6] et de la formation du personnel (qui sont importants, certes, mais qui ne sont pas tout), il faut penser au bagage avec lequel les familles transparentales arrivent aux séances d’informations, aux rendez-vous de suivi et à l’accouchement. La concrétisation de tout projet parental peut être un défi, et c’est particulièrement vrai pour les personnes trans et leurs partenaires (Petit, 2015 ; dickey et al., 2016). Un couple qui aura subi des échanges méprisant et, globalement, une restriction aberrante de sa liberté avec le personnel médical dans le processus de conception d’un enfant arrivera peut-être à son suivi sage-femme avec une grande soif de liberté, par exemple. Ça dépasse le langage inclusif, les toilettes non-genrées et les formulaires. Il n’y aura pas de recette pour bien faire, mais on peut supposer qu’adopter une posture d’écoute empreinte d’une grande humilité sera aidant. Les personnes trans et les familles transparentales sont à la fois comme toutes les autres, et très différentes de toutes les autres ; affirmer en début de suivi que le statut trans de la personne suivie ou de son/sa partenaire « ne change rien pour [la/le sage-femme] » n’est pas forcément aidant. Pour moi, ce serait un signal d’alarme fort : j’aurais peur que ma/mon sage-femme ne veuille pas reconnaître mon vécu trans, les difficultés spécifiques rencontrées par ma famille ou moi-même de même que certains de mes/nos besoins qui pourraient être différents de ceux des familles cisparentales[7]. Une/un sage-femme qui, au contraire, sait se montrer d’une écoute, d’une attention, d’une empathie et d’une humilité remarquables peut permettre, par sa présence et son attitude, une grande résilience.

J’aimerais, avant de conclure, dire quelques mots sur la santé et le rapport à la santé des personnes trans. On parle souvent de la santé mentale précaire des personnes trans (dépression, anxiété, etc.), et de leurs taux d’idéations suicidaires, de tentatives de suicide ainsi que de suicides complétés plus élevés que chez les personnes cisgenres[8]. Les taux observés sont en effet consternants, et au-delà de ces taux, il y a des gens, et des gens qui les connaissent… ou les connaissaient, parfois, quand elles en meurent. La cause de l’anxiété et de la dépression, c’est la violence subie : « Contrary to the notion that depression and suicidality are primarily attributable to distress inherent to being trans, we found evidence that discrimination and violence had strong adverse impacts on mental health. » (Bauer et al, 2014 : 6). Je trouve un peu incongru que l’on considère que la santé mentale constitue un thème de choix pour les rencontres de suivi sage-femme avec un homme trans, à moins bien sûr que ce soit le principal concerné qui choisisse d’ouvrir le sujet. À part changer le contexte social, (c’est-à-dire travailler à plus de justice sociale) et développer un arsenal de moyens de prendre soin de nous quand la violence nous atteint, il n’y a pas grand chose à faire… (Mais ça fait déjà beaucoup, on en conviendra.) En ce qui concerne les risques associés à la prise de testostérone de synthèse, il faut aussi considérer qu’une personne qui en a besoin encourt des risques importants à ne pas en prendre. Une personne cisgenre peut être inquiète face aux risques avérés ou imaginés de la prise de testostérone de synthèse, mais oublier que cette prise d’hormones, lorsqu’elle est choisie de façon libre et éclairée par une personnes trans, peut s’avérer bien plus sain que son évitement. Il est probablement difficile pour une personne cisgenre de s’imaginer habiter un corps dont certaines caractéristiques à laquelle notre culture attache tant d’importance ne correspondent pas à ce que l’on sent authentique pour soi. Quand on est trans, le décalage entre ce que l’on se sent être et ce que l’on peut palper de ses mains, sentir circuler en soi ou rencontrer dans le miroir est parfois douloureux. Certaines personnes trans et le milieu médical parleront de « dysphorie » ou d’être « dysphorique ». Ce n’est pas un terme que j’affectionne particulièrement, mais c’est utile de le connaître. La prise d’hormones de synthèse peut être une façon de rendre le corps plus accueillant pour soi, plus habitable, et réduire le caractère abrasif des interactions avec autrui lorsque l’on est sans cesse perçu d’une façon différente de ce que l’on se sent être. Malgré les effets secondaires, les risques possibles et la tristesse que l’on peut parfois ressentir à devoir recourir à une substance extérieure pour se sentir mieux avec soi, ce peut être un choix sain. Ce qui est sain, au final, n’est pas toujours ce qui augmente vraisemblablement la longévité du corps ou son fonctionnement « optimal ». J’argumente en effet que ce peut être sensé et sain de sacrifier peut-être un peu de longévité ou de qualité du fonctionnement de certaines parties du corps au profit de la qualité de l’expérience vécue. L’expérience vécue, évidemment, appartient à chaque personne concernée, et à elle seule. Ce ne sont pas toutes les personnes trans qui prennent des hormones, qui en prennent toute leur vie post-transition[9] ou même qui souhaitent en prendre tout court. J’écris seulement que pour les personnes qui le souhaitent et qui ont été bien informées, par une personne compétente, des risques et des bénéfices connus, ce peut être tout à fait sensé d’en prendre et que ce n’est, à mon avis, ni la spécialité, ni la responsabilité des sages-femmes.

On pourrait dire encore bien des choses des enjeux trans en périnatalité et en matière de justice reproductive en général. J’espère avoir réussi à apporter un éclairage utile sur les expériences et les enjeux trans liés à la discussion entamée dans Les PasSages. Je peux imaginer et comprendre que ma réponse puisse soulever des émotions et des questions. Je pense que ça fait partie du processus d’ouvrir des chemins, ce qui n’enlève absolument rien à l’intensité de ce qui peut être vécu, ici et maintenant.

Il y a beaucoup à faire dans ce monde pour les personnes trans comme pour les sages-femmes. J’espère que nous pourrons nous connaître davantage et travailler ensemble pour plus de justice sociale.

Au bout de sinueuses études premier cycle amorcées sur un coming-out bi et achevées sur coming-out trans, j’ai obtenu un baccalauréat en sciences de l’éducation. J’ai ensuite complété une maîtrise en sociologie avec une concentration en études féministes à l’UQAM de même qu’une formation en massothérapie. Aujourd’hui, je suis le parent à la maison d’un bambin mis au monde par ma conjointe en présence de sages-femmes que nous aimons beaucoup.


Ouvrages cités

Ansara, Y. G. (2010). Beyond Cisgenderism: Counselling People with Non-Assigned Gender Identities. Dans L. Moon (dir.), Counselling Ideologies: Queer Challenges to Heteronormativity (p. 167‑200). Farnham et Burlington : Ashgate Publications.

Ansara, Y. G. et Hegarty, P. (2012 mai). Cisgenderism in Psychology: Pathologising and Misgendering Children from 1999 to 2008. Psychology and Sexuality, 3(2), 137‑160.

Bauer, G. R., Scheim, A. I., Deutsch, M. B. et Massarella, C. (2014). Reported Emergency Department Avoidance, Use, and Experiences of Transgender Persons in Ontario, Canada: Results From a Respondent-Driven Sampling Survey. Annals of Emergency Medicine, 63(6), 713‑720.

Blumer, M. L. C., Ansara, Y. G. et Watson, C. M. (2013 octobre). Cisgenderism in Family Therapy: How Everyday Clinical Practices Can Delegitimize People’s Gender Self-Designations. Journal of Family Psychotherapy, 24(4), 267‑285.

Cloutier, A. (2018). Vers un matérialisme trans : conceptualiser ce que vivent les personnes trans. Mémoire déposé comme exigence partielle de la maîtrise en sociologie à l’Université du Québec à Montréal. Disponible en ligne : https://www.academia.edu/36042705/Vers_un_materialisme_trans_conceptualiser_ce_que_vivent_les_personnes_trans

Costello, C. G. (2014 août). Cis Gender, Trans Gender, and Intersex. Récupéré de http://intersexroadshow.blogspot.ca/2014/08/cis-gender-trans-gender-and-intersex.html

Grant, J. M., Mottet, L. A., Tanis, J., Harrison, J., Herman, J. L. et Keisling, M. (2011). Injustice at Every Turn: A Report of the National Transgender Discrimination Survey. Washington : National Center for Transgender Equality and National Gay and Lesbian Task Force.

Longman Marcellin, R., Bauer, G. R. et Scheim, A. I. (2013). Intersecting Impacts of Transphobia and Racism on HIV Risk among Trans Persons of Colour in Ontario, Canada. Ethnicity and Inequalities in Health and Social Care, 6(4), 97‑107.

Seuffert, N. (2009). Reflections on Transgender Immigration. Griffith Law Review, 18(2), 428‑452.

Shires, D. A. et Jaffee, K. (2015, 1 mai). Factors Associated with Health Care Discrimination Experiences among a National Sample of Female-to-Male Transgender Individuals. Health & Social Work, 40(2), 134‑141.

Petit, M.-P. (2015). Transparentalités : entre mythes, réalités et hétéronormativité. Dans M. Greenbaum, Familles LGBT : le guide (p. 53‑74). Montréal : Remue-ménage.

Rotondi, N. K., Bauer, G. R., Scanlon, K., Kaay, M., Travers, R. et Travers, A. (2011a). Depression in Male-to-Female Transgender Ontarians: Results from the Trans PULSE Projet. Canadian Journal of Community Mental Health, 30(2), 135‑155.

Rotondi, N. K., Bauer, G. R., Travers, R., Travers, A., Scanlon, K. et Kaay, M. (2011b). Depression in Male-to-Female Transgender Ontarians: Results from the Trans PULSE Projet. Canadian Journal of Community Mental Health, 30(2), 113‑133.

[1] Quoique… ayant interrompu ma prise d’hormones depuis un an et demi, mon corps correspond moins qu’avant à celui qu’on attend chez un homme né à la fin des années 80. J’ai notamment l’air significativement plus jeune que lorsque je prenais de la testostérone. Il m’arrive de passer pour un garçon adolescent. C’est rarement pratique, et ça ne l’est résolument pas comme parent. Je serais à nouveau inquiet de devoir passer une frontière.

[2] Je le sais aussi d’expériences passées avec du personnel médical.

[3] Cisgenre : se dit d’une personne qui s’identifie au sexe/genre qui lui a été assigné à la naissance d’une façon non-médicalement coercitive.

[4] Ou pas encore, parce que c’est une limite… on n’a pas toujours eu des mots pour la violence à l’égard des personnes trans, par exemple !

[5] Pour une discussion du concept de cisgenrisme, consulter Ansara (2010), Ansara et Hegarty (2012) et Blumer, Ansara et Watson (2013).

[6] En matière de langage inclusif, aussi, il faut mentionner qu’il importe de ne pas limiter son usage aux situations dont on sait à coup sûr qu’elles impliquent une personnes trans ; le langage inclusif devrait être utilisé en tout temps. Certaines personnes trans, pour de multiples raisons, ne dévoileront pas leur statut trans. Aussi, contrairement à la croyance populaire, le fait d’être trans ne se « voit » ou ne se « devine » pas nécessairement.

[7] Cisparentale : se dit d’une famille dont les parents sont des personnes cisgenres. Je ne suis pas sûr d’avoir déjà vu ce mot quelque part, et pas sûr non plus de l’avoir inventé, mais il me semble désormais nécessaire.

[8] Pour des données ontariennes, consulter Rotondi et al. (2011a et b) et Bauer et al. (2013).

[9] Et la transition… C’est un concept utile pour rendre nos parcours et nos récits de vie intelligibles dans un monde cis, mais c’est vraiment un drôle de concept. L’identification du moment précis où elle a commencé est plutôt arbitraire, tout autant que sa fin… On change tout le temps, tous les jours, qu’on soit cis ou trans, ou hors de cette binarité qui échoue par ailleurs à rendre compte de l’existence des personnes intersexes et intersexuées et des violences déployées à leur endroit (Costello, 2014).

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