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Ma fille a 2 ans et (…) j’hésiterai à lui faire rencontrer un gynécologue à son adolescence

J’avais 14 ans, avec ma mère, on avait décidé que je devais prendre la pilule parce que j’avais un chum et qu’elle avait bien peur que je tombe enceinte, malgré le fait que je n’avais pas de relation sexuelle. C’était la norme, toutes les filles de mon entourage faisaient pareil. (C’est une autre histoire, mais tout aussi aberrante). Je me suis présentée chez le gynécologue (celui-là même qui avait assisté ma mère lors de ma naissance). Puisque je n’avais pas encore de relation sexuelle, je n’avais pas à subir un examen gynécologique avec spéculum, mais je devais quand même avoir examen/touché vaginal. L’examen s’est passé dans le respect. Après que je me sois rhabillé, il m’a dit que mon hymen avait une forme anormale et il m’a fait un petit dessin sur une feuille de prescription. Un cercle pour le vagin avec une ligne verticale dans le milieu qui représentait un petit filament de peau qui traversait mon vagin (mon hymen). Je n’ai compris que la moitié de son explication. (J’avais eu des cours de sexualité, je savais ce qu’était un hymen, mais je ne savais pas à quoi ça devait ressembler) et suite à son explication il m’a dit qu’il serait préférable que je subisse une légère intervention chirurgicale pour le modifier et enlevez le morceau de peau qui traversait mon vagin. Il m’a prescrit cette intervention sur le même papier avec le dessin et je suis sortie. J’ai donc retrouvé ma mère dans la salle d’attente en cachant mon papier pour que les autres ne le voient pas. Ma mère, ma conseillée de suivre l’indication du médecin et j’ai subi cette petite intervention chirurgicale. Le jour de l’opération, j’étais tellement stressée que j’ai perdu connaissance en sortant du bureau du médecin. J’étais incapable de dire à l’infirmière que je voulais qu’elle arrête de parler, alors qu’elle voulait m’aider en me changeant les idées. En gros j’étais terrorisée, et ce, malgré que le gynécologue soit respectueux. Selon les connaissances que j’avais à l’époque, je pensais ne plus avoir d’hymen. J’ai pleuré un peu en revenant dans l’auto parce que ça faisait mal et j’ai essayé d’oublier le plus vite possible. Je n’en ai d’ailleurs parlé à aucune de mes amies. À presque 16 ans, j’ai eu ma première relation sexuelle, ça fait très mal, mais on m’avait dit que ça ferait mal. Le garçon était gentil on a arrêté la pénétration. On a essayé une deuxième fois quelques jours plus tard et c’était la même chose. Il m’a laissé par la suite. Parce qu’on n’en avait pas parlé en détail, je ne savais pas que son pénis ne rentrait pas dans mon vagin, que mon hymen n’était pas déchiré. Je me disais juste que ce serait moins pire la prochaine fois. Quelques semaines plus tard, je devais retourner chez le gynécologue pour le renouvellement de ma pilule. Il m’a demandé si j’avais eu des relations sexuelles, ce à quoi j’ai répondu, oui. J’ai eu un examen. De retour à son bureau il m’a dit que mon hymen n’était pas déchiré qu’il était plus rigide. J’étais terrorisée et je ne comprenais pas. Je ne comprenais rien, je me sentais anormale. Il m’a dit que j’avais 2 choix soit je réessayais encore d’avoir des relations sexuelles et que ça pourrait déchirer, soit je subissais une petite intervention chirurgicale pour le couper. Je ne crois pas que lui se souvenait de la première intervention. Comme la fois précédente, j’ai pris rendez-vous pour l’intervention. Au moins cette fois-là je n’ai pas perdu connaissance. Mais je n’ai eu aucune explication. Je me suis sentie anormale pendant des années, lorsque j’ai eu d’autres relations sexuelles avec pénétration, j’avais encore mal, j’étais stressé et inquiet. Je n’en ai pas plus parlé à mes amies. C’est des années plus tard que j’ai compris. Le premier dessin aurait dû être un cercle pour le vagin, avec un cercle plus petit à l’intérieur pour l’hymen et une ligne verticale. Le filament de peau n’était pas mon hymen, mais seulement une partie de mon hymen. Après la première intervention, j’avais encore un hymen. Si on m’avait laissé ce filament de peau, c’est lui qu’aurait aidé à déchirer mon hymen lors de ma première pénétration. Le médecin n’aurait jamais dû me dire que mon hymen n’était pas normal ou trop rigide. Il n’aurait pas dû me proposer cette première  »petite » chirurgie sur le simple fait que mon vagin était un peu différent. J’avais 14 ans, je n’avais pas besoin de faire modifier mon vagin. Je n’avais de problème, il n’y avait donc pas besoin de solution. J’aurais dû consulter plus tard à ce sujet si j’en avais vraiment besoin. Je ne sais pas si c’est la médecin qui était incompétente ou que la médecine gynécologique est en soi arriérée, interventionniste et violente. Je n’ai jamais consulté de gynécologue passé 17 ans. Je suis encore nerveuse avec les médecins. J’ai accouché avec les sage-femmes pour que je puisse faire des choix éclairés durant ma grossesse et mon accouchement. Ma fille a 2 ans et si la violence obstétricale et systémique ne change pas dans le système de santé, j’hésiterai à lui faire rencontrer un gynécologue à son adolescence. Et avec son consentement je l’accompagnerai si c’est nécessaire.

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