C’était mon premier accouchement. La gynécologue qui a suivi ma grossesse n’est pas de garde à l’hôpital cette journée-là, alors ce sont des médecins que je ne connais pas qui s’occupent de mon cas. Je suis à 41 semaines et ma pression artérielle est un peu élevée, alors on décide de provoquer l’accouchement en crevant mes eaux artificiellement. Mes contractions ont commencé immédiatement, et elles ont augmenté en fréquence et en intensité très rapidement. J’avais très mal. J’avais tellement mal que j’en étais étourdie, pas tout à fait consciente de ce qui se passait. On m’a posé un soluté, on a fait des prises de sang, et étant donné ma phobie des aiguilles, je tombais en choc vagal à chaque fois, donc le foetus aussi. On a donc dû me mettre un masque à oxygène. C’est dans ce contexte de douleur, de choc vagal, de masque à oxygène, et évidemment de bas du corps dénudé, caché par un drap, qu’un médecin que je n’avais pas encore vu entre dans ma chambre, suivi par des étudiant·es et/ou des résident·es. Personne ne s’est présenté en entrant. Personne ne m’a adressé la parole. Pas le médecin ni sa horde. Je les ai entendu se parler, sans comprendre ce qu’il est elles se disaient, à cause de la douleur et à cause du bruit de mes respirations dans le masque, mais jamais il et elles ne m’ont parlé à moi. Le médecin a effectué un examen vaginal, sans me prévenir, sans me dire ce qu’il faisait et pourquoi il le faisait. Et lui et sa bande sont repartis. Je ne l’ai pas revu, et je n’ai jamais su son nom. Après l’accouchement, on m’a laissé dans la même jaquette, pleine de sang d’accouchement, dans les mêmes draps, pleins de sang d’accouchement. Ce n’est que lorsque ma mère est venue me rendre visite qu’on a remédié à la situation; elle est allée chercher de nouveaux draps et une nouvelle jaquette dans le corridor, par elle-même, un jour plus tard. Lors des deux jours passés à l’hôpital suite à mon accouchement, je me plaignais de douleurs intenses qui m’empêchaient de m’asseoir, de me replacer dans mon lit, de me lever, de tout faire. Seule l’infirmière de nuit a bien voulu soulager ma douleur, en me donnant du naproxen, après que l’acétaminophène ait échoué à me soulager. L’infirmière de jour, lorsque je lui ai demandé la même chose, a refusé. Elle m’a entre autres répondu que « le naproxen, ça ne se rend pas là. » C’est drôle que ça se rende là la nuit, mais pas le jour. Elle a également ajouté que « c’est normal d’avoir mal là, tu viens d’accoucher. » Encore une fois, merci à ma gentille maman, infirmière bachelière aux soins intensifs de l’Institut de cardiologie de Montréal, qui s’est obstiné avec l’infirmière de jour pour lui expliquer l’importance du soulagement de la douleur, même si « c’est normal d’avoir mal là. » Ce n’est pas parce que la douleur est normale après un accouchement qu’on doit la subir. Le manque de soulagement de la douleur peut même mener à des douleurs chroniques: en résumé, on ignore les signaux de douleur, donc notre corps s’habitue et devient plus sensible à la douleur, pour qu’on reçoive ses signaux et qu’on agisse en conséquence. Enfin. L’infirmière de jour est revenue avec du Tylenol un peu plus tard. Qui ne m’a pas plus soulagé que les fois précédentes. Je m’apprête à accoucher de mon deuxième enfant, au même hôpital (parce que c’est là que ma gentille gynécologue pratique, et que c’est difficile de trouver un·e médecin, donc quand tu en as un·e, tu restes avec!). Et j’ai peur que ça se reproduise. Les examens vaginaux sans consentement, l’absence de considération de ma douleur… Mon conjoint et moi en avons parlé, nous voulons intervenir et réagir sur le coup si cela se reproduisait, nous voulons « tenir notre bout ». Mais ce serait donc plaisant qu’on n’ait pas à emmener, en plus de notre « plan d’accouchement », un « plan anti-vog ».
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