J’ai consulté un médecin au service sans rendez-vous de ma clinique pour une infection urinaire. Ce dernier m’a accueilli en me disant, d’un ton amusé, qu’il me frapperait, mais de ne pas m’inquiéter, qu’il n’était pas un batteur de femmes…. J’ai été saisi par ce propos tellement déplacé, et je lui ai dit que je ne trouvais vraiment pas drôle ce genre de « blague ». Il m’a répondu spontanément qu’il pouvait m’aider à remplir un formulaire de plainte… J’étais ébranlée par sa réaction; il tournait tout sur un ton d’humour. Par la suite, il m’a demandé de lui expliquer pourquoi j’avais une infection urinaire. Je ne comprenais pas son approche, je lui ai dit que j’étais là pour avoir des antibiotiques parce que j’urinais du sang. Il a commencé un long monologue (d’au moins cinq minutes) sur mes pratiques sexuelles…sans me poser aucune question sur celles-ci, ni même sur mes symptômes. Il sous-entendait que je pratiquais certaines pratiques qui compressent l’urètre; ou encore, que je me masturbais avec des objets; il a également sous-entendu que mon partenaire me faisait l’amour oral avec de l’eau de Cologne au visage… Tout ça, sans savoir si j’étais active sexuellement, si j’avais des relations hétérosexuelles! Pendant l’entretien, j’ai eu peur à un certain moment. Je me suis demandé si on m’entendrait de l’autre côté de la porte si je criais; j’ai également évalué combien de pas je devrais faire pour me sauver… Suite à son monologue qui me sexualisait, il a regardé mon dossier pour voir mon âge et il a semblé très surpris quand il a constaté que j’avais 34 ans (j’ai l’air jeune). Son attitude a complètement changé. Il m’a demandé ce que je faisais comme métier; je lui ai dit que je suis une intervenante sociale dans un organisme féministe. J’ai senti son malaise. Il m’a offert le choix de mes antibiotiques puis m’a expliqué que c’est important d’observer quelles pratiques sexuelles on a quand on fait une infection urinaire afin de minimiser les chances d’en refaire d’autres… j’ai senti que subitement, il tentait de justifier son comportement déplacé. En sortant de son bureau, je me suis sentie à la fois soulagée et tellement sale… j’ai pleuré de rage tout le reste de la journée. Quelques mois plus tard, j’ai refait une infection urinaire, et j’ai tardé à prendre un rendez-vous par crainte de retomber sur ce médecin. Quand j’ai réalisé que mon état se détériorait et que je devais absolument consulter, j’ai demandé à mon conjoint de m’accompagner tellement j’avais peur… J’ai décidé de porter plainte suite à mon rendez-vous annuel avec ma médecin de famille qui m’a vraiment épaulé dans cette démarche.
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