C’était lors de l’accouchement de mon fils, mon deuxième enfant. Je me présente à l’hôpital 06.10 avec des contractions aux 2 minutes. En arrivant sur l’étage, l’infirmière au poste me demande ce qu’elle peut faire pour moi. Il est 6 heures du matin, je suis en chaise roulante avec une bédaine de 9 mois, je me demande bien ce qu’elle pense qu’elle peut faire pour moi… Je dis, je suis en train d’accoucher. « Ah, avez-vous téléphoné avant? » qu’elle me demande. Je suis ahurie ! « Eh, bien non, je ne pensais pas que c’était le Ritz et que j’avais besoin d’une réservation » je lui réponds. « Ben, c’est qu’on n’a pas de place, c’est la pleine lune et il y a beaucoup de femmes qui accouchent. » OK, mais je me dis que mon enfant il n’en a rien à foutre ni de la pleine lune ni de son attitude et qu’il a bien l’intention de sortir dans très peu de temps. Je lui dis que je suis aux 2 minutes, que je n’ai pas le temps de me rendre dans un autre hôpital et que de toute façon mon médecin pratique ici. Elle consulte une collègue qui lui dit qu’il y a une chambre. On m’y conduit. C’est une chambre, pas une salle d’accouchement, avec un lit double sur lequel il y a un drap mince par-dessus un recouvrement en plastique. On me laisse là.
Je me déshabille et au bout de 2 minutes je dis à mon chum, écoute, il faut que quelqu’un m’examine, le bébé est vraiment en train de sortir. Il accroche une infirmière au passage et elle vient m’examiner. Elle capote: « oh, mon dieu, mais je vois sa tête !! » Elle repart en courant et revient avec un crash cart et un médecin. Une femme que je ne connais pas. Elle n’est pas de bonne humeur. Très bête, elle me dit de m’avancer et de placer mes pieds au bord du lit. Elle regarde à son tour et elle dit : « écoute-moi bien, j’étais au poste quand tu es arrivée avec ton commentaire sur le Ritz. Là j’ai un rendez-vous au centre-ville à 7h30, faque tu vas pousser et tu vas me sortir ce bébé-là parce que je n’ai pas l’intention d’être en retard à cause de toi. »
Je n’ai pas vraiment le temps de l’envoyer chier parce que le bébé pousse et que j’essaye tant bien que mal de me trouver une poigne avec mes pieds, mais chaque fois que je pousse, le drap glisse sur le recouvrement en plastique et je me retrouve les jambes en bas du lit. Elle perd patience. « Là tu vas te concentrer à pousser, je n’ai pas juste ça à faire. » Je lui propose de m’accroupir au sol pour pouvoir mieux pousser. Elle me dit, « si tu penses que je vais me coucher parterre pour attraper ton bébé, tu te trompes. Pousse! » Je ne sais plus quoi faire, je n’ai pas de point d’appui, je ne peux pas m’ancrer pour forcer. Alors je demande à mon chum de se placer derrière le médecin, de me prendre un pied pour que je puisse pousser dedans. L’infirmière qui devait peser 100 livres mouillée s’offre pour prendre l’autre pied. À eux deux ils réussissent à me braquer et en trois poussées mon fils est sorti. La médecin l’a pris, l’a passé à l’infirmière et est sortie sans dire un autre mot. J’ai fait une dépression postpartum après la naissance de mon fils. Je ne dis pas que c’était complètement dû à l’accouchement, les causes des dépressions postpartums sont complexes et compliquées. Mais ce que je peux dire c’est que j’ai fait des cauchemars pendant des mois à cause de cette femme et je n’oublierai jamais son visage. Lorsque mon médecin est venu me voir vers 9 h, il m’a dit que les infirmières lui ont dit que la médecin leur avait interdit de l’appeler alors qu’elle était à 5 minutes de l’hôpital et qu’elle aurait eu le temps d’arriver pour m’accoucher. Clairement, elle avait décidé de me punir parce que j’avais osé répliquer à leur accueil complètement déplacé. Tout ça pour dire que si c’était arrivé à mon premier accouchement, vraiment pas sûr que j’en aurais eu un deuxième.
Comments